Immense actrice tragiquement disparue, comédienne solaire, Romy Schneider a laissé une empreinte indélébile dans le cinéma. Si nombre de cinéastes ne tarissaient pas d’éloges la concernant, Claude Chabrol n’est pas de ceux-là…
Immense actrice solaire au destin aussi romanesque qu’absolument tragique, très engagée, épuisée aussi d’avoir affronté de nombreux drames personnels, Romy Schneider fait toujours autant l’unanimité des décennies après sa disparition. Une comédienne iconique, d’une formidable modernité, capable aussi de plaire aux jeunes générations.
Si nombre de cinéastes ne tarissaient pas d’éloges la concernant, à l’instar de Bertrand Tavernier par exemple qui l’avait dirigée dans le très grand (et éprouvant…) film La Mort en direct, d’autres en revanche n’ont pas caché avoir eu des relations difficiles avec elle. Parmi eux, un réalisateur français bien connu : Claude Chabrol.
Une oeuvre curieuse
Sorti en 1975, son film Les Innocents aux mains sales est une oeuvre curieuse, peu connue; et pour tout dire, pas vraiment la plus mémorable, au milieu d’une filmographie fleuve qui a laissé des empreintes autrement plus marquantes. “C’est un film que j’ai fait le petit doigt dans l’oreille” commentera Chabrol, peu satisfait de son film.
Peuplé d’un casting solide, entre Rod Steiger, Jean Rochefort ou François Maistre, le film raconte l’histoire d’un homme, Louis Wormser (joué par Steiger), vivant retiré des affaires avec sa femme, Julie, beaucoup plus jeune que lui. Cardiaque, il doit éviter les rapports sexuels et se saoule pour oublier sa frustration. Julie devient la maîtresse de Jeff. Les amants décident de tuer Wormser en camouflant sa mort en accident de bateau…
“Elle n’avait aucun sens de l’humour”
Romy Schneider incarne dans le film Julie Wormser; une épouse machiavélique et adultère. Entre elle et Chabrol, les relations seront très tendues. “Elle n’avait aucun sens de l’humour. Moi j’avais toujours tendance à rigoler, ce qui la mettait dans une rogne épouvantable ! Elle ne concevait le travail que dans un sérieux de chaque instant. Certains atteignaient la limite du ridicule. Elle cherchait trop le génie perpétuel, et finalement elle en faisait des tonnes” racontait Chabrol, dont les propos sont rapportés dans la biographie qu’Antoine de Baecque a consacré au cinéaste, publiée en 2021*(1).
Et Chabrol d’enfoncer un peu plus le clou : “en fait, nous n’étions pas fait pour nous entendre, d’autant qu’aucun des deux ne fit le moindre effort pour comprendre l’autre. Ce qui m’énervait le plus, c’est qu’elle en faisait autant dans la vie qu’à l’écran. Le numéro continuait, toujours, en toutes circonstances, inlassablement”. Les deux ne retravailleront, effectivement, plus jamais ensemble.
*(1) cité dans le récent n°53 du mook Schnock, justement consacré à Romy Schneider.