Thierry Cham parcourt en connaisseur les allées du magasin d’instruments de musique, dans le nord de Paris, du côté de Pigalle. Familier des lieux où il a déjà acheté du matériel il y a quelques années, il discute guitares avec les vendeurs. Il est dans son élément.

A ses côtés, sa fille Ebony, 20 ans, se remet à peine de sa participation à la Star Ac. Le 25 janvier, sa concurrente Marine l’a finalement emporté en direct sur TF1: « Elle a su conquérir le coeur du public qui a apprécié son travail tout au long de l’émission.

Je suis fière pour elle, je suis fière de sa victoire », analyse-t-elle, a priori bonne perdante. Son père ajoute : « Marine a un côté populaire, qui plaît au plus grand nombre. Ebony a aussi son style, un autre style.

Dans une émission comme la Star Ac, on ne peut pas maîtriser tous les paramètres. Comme en musique : pourquoi telle chanson devient un succès et pas une autre ? On ne sait pas vraiment. »

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L’analyse est juste… Le quinquagénaire Thierry Cham a l’expérience du monde du showbiz : il est chanteur, parcourt le monde pour se produire en concert, a rencontré un joli succès avec son tube Océan au début des années 2000. Pour ce maître du zouk love, un dérivé du zouk caractérisé par un rythme plus lent et des ambiances romantiques, tout a commencé en France un jour de décembre 2003, lorsque les animateurs Charly et Lulu lui annoncent qu’il sera la vedette de leur Hit Machine sur M6, à la place de la chanteuse américaine Anastacia qui leur a fait faux bond. Déjà largement reconnu dans le milieu afro-caribéen, Thierry Cham est alors remarqué, puis signé dans une grande maison de disques. Classé cette année-là à la 5e place du Top 50 de Marc Toesca dont il est fan, il appelle d’ailleurs sa fille « mon petit clou » à la façon dont l’animateur s’adressait, à l’époque, aux téléspectateurs. Ebony connaît, pour ainsi dire, la musique depuis son plus jeune âge : avant même d’être née, à en croire son père, qui raconte qu’elle a assisté à des shows de 50 Cent ou de Lionel Richie alors qu’elle était encore dans le ventre de sa mère Cynthia : « Lors d’un concert, le bébé bougeait tellement que nous avons filé à l’hôpital ! Fausse alerte, heureusement. »

Attirée précocement par le chant, Ebony prend très tôt des cours de guitare, de piano, de théâtre, fait partie d’une chorale, puis étudie la musicologie à l’université Paris-VIII. Avec un soutien paternel constant : « Papa m’a appris à toujours voir le côté positif des choses, à me projeter, à avoir des ambitions et à travailler afin de les réaliser. » Fan de télécrochets, elle tente une première fois sa chance en 2022 pour intégrer la Star Ac. Sans succès. Elle passe son tour l’année suivante, puis, encore sur les conseils de son père, nourrit ses réseaux sociaux de reprises bien senties pour finalement se faire remarquer par l’émission. La suite ? La sortie récente chez Sony Music de son premier single intitulé Unforgettable, puis la traditionnelle tournée avec les autres candidats* pour laquelle elle répète, se prépare…

En sortant se balader sur le boulevard de Clichy, des jeunes filles tournent autour d’Ebony téléphone en main, une dame lui lance des « bravo ! », lui témoigne son admiration. « C’est une grande victoire », se félicite son père, arrivé de Guadeloupe en région parisienne en 1984, après la mort de sa mère. Il rejoint son grand frère Patrick Cham qui faisait alors partie de l’équipe de France de basket. Au lieu du sport, le cadet choisira la chanson, passera lui-même des concours. Il poursuit : « Pendant la Star Ac, je n’ai pas dormi durant trois mois. J’analysais chacun de ses passages, chacune de ses prestations pour être le plus pertinent possible dans mes conseils lorsque je l’avais au téléphone. »

Entre-temps, il leur a aussi fallu se confronter à un autre jury que celui de la Star Ac. Beaucoup moins bienveillant, beaucoup plus détestable : celui des réseaux sociaux sur lesquels a déferlé une avalanche de propos haineux, racistes, sexistes à l’encontre d’Ebony : « Je m’attendais à être critiquée sur ma voix, peut-être sur ma personnalité, mais pas à ça. Pas à ce que ça aille aussi loin. Franchement, c’était choquant. » Quant à son père, il avoue, tout en gardant le sourire, s’être obligé à conserver son sang-froid : « Ce sont déjà des choses insupportables à entendre, mais quand ça touche en plus ses propres enfants ! Heureusement, je suis rodé, et j’ai appris à ma fille le détachement. En toutes circonstances. » Des associations ont déposé plainte. Thierry Cham préfère parler de leur amour commun pour la musique de Michael Jackson et d’Ebony qui, gamine, partait se cacher lorsque passait le clip de Thriller. « Elle s’est accrochée, je l’ai poussée, elle y est arrivée. Et il n’y a rien qui me fasse plus plaisir que de la voir briller », conclut-il. La fierté authentique d’un père pour sa fille, la plus belle des victoires finalement.

* Star Academy – Tour 2025, le 21 février à Epernay, le 28 février à Limoges, le 1er mars à Toulouse, le 7 mars à Amiens…

Cet article était à retrouver dans le Gala N°1652, disponible le 6 février dernier dans les kiosques. Pour suivre l’actualité en direct, vous pouvez rejoindre le fil WhatsApp de Gala . Le nouveau numéro de Gala est en kiosque dès ce jeudi 13 février 2025. Bonne lecture !