La disparition d’Herbert Léonard laisse un grand vide dans le coeur des Français. Ami et auteur du tube “Pour le plaisir”, Julien Lepers fait part de sa tristesse et revient sur sa rencontre avec le chanteur : “C’était quelqu’un de précieux pour moi”.
Par pudeur ou sans doute pour préserver son public, il venait d’annuler un concert en prétextant « un petit souci de santé ». Herbert Léonard est mort à 80 ans ce dimanche des suites d’un cancer du poumon, conséquence de « 55 ans de fumette ».
« Voilà… Le pire est arrivé ! Herbert Léonard est parti ! Il est parti, décédé d’un cancer du poumon et des dégâts de la fumeuse cigarette, envolé, enfui… Loin de la maladie, de la vie quotidienne, loin de son public, loin des spectacles où il rencontrait tant d’entre vous » s’émeut son épouse Cléo dans une lettre bouleversante adressée au public, avec lequel elle avait pris l’habitude de correspondre pour partager les récentes nouvelles autour de la santé fragile du chanteur.
Sa carrière, débutée en 1967, avait véritablement pris son essor en 1981 grâce au tube “Pour le plaisir”, signé d’un certain Julien Lepers. Ce dernier fait part de sa vive émotion ce matin dans les colonnes du Parisien.
“J’ai été fier de travailler avec lui”
La rencontre providentielle entre Herbert Léonard et Julien Lepers s’est faite au début des années 80 par l’intermédiaire d’une personne : Vline Buggy, célèbre parolière pour Claude François (“Belles ! Belles ! Belles !”, “Si j’avais un marteau”, “J’attendrai…”), Hugues Aufray ou Johnny Hallyday. « Je suis allé la voir pour lui présenter mes chansons et elle m’a dit : “C’est très bien ce que vous faites, est-ce que vous connaissez Herbert Léonard ?” À partir de là, on ne s’est pratiquement pas quitté pendant 10 ans » se souvient avec émotion celui qui animera bien plus tard l’émission culte “Questions pour un champion” sur France 3. Leur alchimie a tout de suite été une évidence. « Je me souviens de tout avec lui… On s’entendait bien artistiquement, je lui montrais trois fois la mélodie au piano, il l’adoptait et avec lui, ça prenait une dimension extraordinaire en studio, c’était le jour et la nuit. J’ai été fier de travailler avec lui pendant toutes ces années-là » confie Julien Lepers, qui fera de “Pour le plaisir” le tube de l’été 1981 avec, au total, plus de 2 millions de ventes estimées : « C’est une mélodie que les gens attendent, dans l’air du temps, des textes magnifiques et puis cette voix ! Quand on la réécoute, qu’est-ce qu’il chante bien tout de même ».
Pour Herbert Léonard, il co-signera aussi “Amoureux fous” avec Julie Pietri, gros succès de l’année 1983, “Sur des nuits érotiques”, le titre “Flagrant délit” qui sera un carton au Canada ou encore “Ça donne envie d’aimer” : « Avec Herbert je pense qu’on a arrêté de compter à partir de 3 millions de disques vendus… C’était très fort ! ».
“Il savait que son temps était compté”
Amis intimes, les deux hommes ont toujours gardé contact et s’appelaient « toutes les semaines » depuis les récents ennuis de santé d’Herbert Léonard. « Je redoutais ce moment-là, le moment de l’annonce de sa mort. Je l’ai eu il y a 6 ou 7 jours, il m’a dit qu’il se sentait très faible. Il se savait malade et fragile, il était très, très lucide. Il savait que son temps était compté » atteste Julien Lepers, le coeur lourd. Malgré la maladie, ils projetaient de travailler sur « des chansons ensemble ». « J’avais un projet pour lui, je voulais qu’on fasse une scène, moi au piano et lui uniquement un tabouret avec un micro qui aurait chanté… Je lui en parlais depuis au moins trois ans. Mais il voulait ajouter une guitare, une batterie, on discutait, on se chamaillait un peu… C’était un mec très sympa, un ami incomparable et un grand artiste, un très grand chanteur, un des tout meilleurs chanteurs français » tient à souligner l’animateur de 75 ans, pour qui cette perte est terrible à vivre : « Je garde le souvenir de quelqu’un de précieux pour moi, très précieux, un ami incomparable… Ce sera un manque immense ».